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L'impromptu des apprentis est une pièce courte idéale pour le théâtre scolaire. Le professeur joue avec ses élèves, et cette brève leçon de comédie permet de travailler en s'amusant quelques principes fondamentaux du jeu d'acteur.

Avant la représentation, le professeur de théâtre réunit ses apprentis comédiens pour leur donner les dernières recommandations. Certains fanfaronnent, certains se renferment, tous ont le trac.

Pendant une vingtaine de minutes, ils vont récapituler les bases essentielles du travail d'acteur : respiration diction, phrasé, échauffement vocal et corporel, pensée, sentiment, situation... Ils s'amusent, se taquinent, parodient monsieur Jourdain, ou se moquent gentiment des conseils mille fois répétés par leur professeur. Ils oulignet sans pitié les défauts insupportables des mauvais théâââtreux. Et à la fin de la leçon, avant que le rideau se lève, tous font silence, concentrés, légers, sensibles, prêts à offrir humblement le meilleur d'eux mêmes.

Extrait...

.../...

    Professeur

Oui ! Quelque soit votre rôle,

qu’il soit triste, qu’il soit drôle,

qu’il soit long, qu’il soit court,

pour du mime ou pour un discours,

l’exigence est la même.

    Nora

On connaît le problème :

les pensées et les mots conçus par un autre,

il faut faire croire que ce sont les nôtres.

    Professeur

Pensée ! Hé oui, le grand mot est lâché !

    Coralie

Ce mot que vous nous avez cent fois rabâché !

A tour de rôle, ils jouent au professeur, s’adressant à leurs camarades et complices.

    Kévin

Pour bien jouer la comédie,

je te le dis, je le redis :

pense ! Pense ! Pense à ce que tu racontes !

Ne cherche pas à faire des effets,

ne regarde pas ton bras qui monte,

ne calcule pas ce que tu fais,

n’écoute pas ta voix qui tonne,

et ne joue pas d’inutiles murmures.

Ne crois pas que ta prestation est bonne

parce que tu tires la couverture.

Le meilleur comédien

n’est pas celui qui fait le plus de gestes.

Parfois, c’est celui qui ne fait rien,

le plus sobre, le plus modeste.

    Marie

Pense ! Pense ! Au lieu de faire le fier.

Arrête tes manières !

Et surtout, ne mets pas le ton !

Le ton que tu veux mettre n’est pas bon.

Il est forcé,

il est faussé.

Il est presque chantant,

tu l’entends ?

Quelle maladresse !

On dirait que tu t’adresses

à des enfants

de trois ans.

    Damien

Pense ! Pense ! Toi, au contraire,

on ne peux pas dire que tu en fais trop !

Tu gagnerais à te taire,

plutôt que de réciter tous ces mots,

ces mots vides de sens,

car on ne sait pas ce que tu en penses.

Toutes ces phrases apprises par cœur,

ce discours plat et monotone,

sans envie, sans plaisir, sans humeur,

cela n’intéresse personne.

    Grégory

Pense ! Pense ! C’est tout de même facile !

Si tu dois exprimer que je suis imbécile,

pense que je suis un crétin.

Pense-le ! Sois-en certain,

tout le temps que tu es sur scène !

Heu, après, ce n’est plus la peine...

    Charlotte

Pense ! Pense ! Pour lui dire que tu l’aimes...

Non, ne te mets pas à genoux !

Et ne roule pas ces yeux là, surtout !

Pourquoi pousser à l’extrême

un sentiment si naturel ?

Joue le tel quel.

Je n’attends pas que tu me le prouves

en chevrotant la voix

ou en joignant les mains ;

je veux seulement croire que tu l’éprouves.

Alors sois humble, sois maladroit,

sois simple, vrai, humain.

    Kévin

Mais... je n’oserai jamais.

    Charlotte

Pourquoi ? Tu crains qu’on se moque ?

    Kévin

Non, mais...

    Charlotte

Qu’est-ce qui te bloque ?

    Kévin

Bien dire « je t’aime », quand c’est faux...

C’est tout de même difficile.

    Charlotte

Ah, tu crois que ces petits mots,

quand c’est vrai, sont plus faciles ?

    Coralie

Moi aussi, il y a des sentiments...

Devant tout le monde, sur une scène,

même si je sais que je mens...

Ça me gêne.

    Charlotte

Ce n’est pas toi l’auteur,

tu n’es qu’une interprète.

Alors pas de fausse pudeur.

    Coralie

Je ne me sens pas prête.

    Gladys

Ces sentiments trop profonds,

joue les à ta façon.

Cherche tes propres images,

même si elles ne vont pas

avec ton personnage.

Et pas à pas,

tu prends confiance,

tu t’approches, tu frôles,

tu gommes les résistances

et tu trouves enfin ton rôle.

.../...